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Royaume
de Syagrius en 486 |
La
mort du roi Euric en 484, un des plus combatifs souverains
des Wisigoths, et le vide qu
'elle provoque,
favorisent les desseins du fils de Childéric. Les
Francs Rhénans
( appelés aussi Ripuaires ) en profitent pour tenter
d'étendre leur
domination sur la Bourgogne et la Champagne. Face à ce
péril, Clovis veut s'affirmer.
Il ne veut plus partager le pouvoir, comme l'avait fait
son père avec Syagrius,
qualifié par Grégoire
de Tours, comme " roi des Romains ". Il entend
prendre sa place définitivement et s'emparer surtout
de SOISSONS, la ville résidentielle de Syagrius. A
cette époque il n' y
avait plus d'
Empire d'
Occident et
Syagrius était
ignoré de
l'Empereur d'Orient (
Zénon ). Il n'était
ni maître de
la milice, ni comte, ni duc Romain, alors quelle pouvait être
son autorité réelle entre la Somme et la
Loire? Le fait qu'après sa
défaite de Soissons ce
dernier ait obtenu asile chez les Wisigoths, laisse supposer
qu
'il avait
au moins recherché leur alliance.
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2 Rois pour un titre
: De même
que son père Aégidius avait été reconnu
comme " roi des Francs " entre 451 et 459 par les
Saliens durant l' absence de Childéric, Syagrius était
qualifié de "roi des Romains " par les troupes
romaines et les citoyens gallo-romains. Le titre de roi,
sous-entendu fédéré avec Rome, était
attribuable aussi bien à un Romain qu'à un
Franc. Deux rois, Syagrius et Clovis, portant le même
titre par hérédité, vont lutter l' un
contre l' autre. |
Clovis
: il
a le soutien d'Odoacre, sacré nouveau roi d' Italie
par l' empereur d' Orient Zénon, ainsi que celui
de son dieu païen Wotan qui accorde la royauté à travers
la victoire du chef tribal. |
Syagrius
: il jouit d'
une légitimité supérieure, sa reconnaissance
comme patrice par l' empereur grec Anthémius (
sacré par l' empereur d' Occident Léon
I ), sans compter les liens avec les Wisigoths. |
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L'
affrontement
: C' est
en 486, près avoir obtenu l'aide de ses parents
Ragnacaire ( roi de Cambrai ) et d' un autre roi salien
Chararic ( roi de Tongre ) que Clovis déclare la
guerre à Syagrius. Il lui envoya un défi
en le sommant de lui fixer le jour et le lieu de leur rencontre
( l'usage germanique ne voulait pas qu 'on attaquât
l' ennemi sans l'avoir défié ) La bataille
s'engagea prés de Soissons probablement dans la
plaine au dessus de Juvigny aux bords de la rivière
l'Ailette. Clovis eut la mauvaise surprise de voir le
roi Chararic et sa troupe se tenir à l'écart
de la mêlée, il attendait tout bonnement l'issue
de la rencontre pour se ranger dans le parti du vainqueur.
Malheureusement pour lui, ce fut Clovis. Les 2 armées
n'étaient pas fort nombreuses, les troupes de Syagrius
se composaient vraisemblablement de la 25e légion,
des milices de Soissons et de quelques villes voisines.
Quand à Clovis il ne comptait guère que 5
ou 6000 combattants, et Ragnacaire encore moins. On peut
croire qu'il n'y eut pas plus de 30000 combattants dans
cette journée. Syagrius est battu, il se réfugie
auprès d'Alaric II, roi des Wisigoths. Clovis envoie
dire à Alaric qu'il doit livrer Syagrius sinon
il saura que la guerre lui sera déclarée
pour avoir retenu ce personnage. Alaric craignant d'encourir
la colère des Francs, le livre garrotté aux
ambassadeurs, Clovis le fera égorger quelques années
plus tard. Les territoires de Soissons, Senlis, Beauvais
passèrent sous son autorité. Il abandonna
Tournai et Soissons devint sa capitale. Il s'installa
dans le palais de Syagrius, fit main basse sur son trésor
et son royaume, d'abords jusqu'à la Seine puis
jusqu'à la
Loire, et Clovis devint maître des cités d'Auxerre
et de Nantes vers 490 et rex dans tout l'ouest des Gaules
situé au nord de la Loire. Suite à sa victoire
sur Syagrius, Clovis n'entreprends pas de conquête
systématique des territoires entre Oise et Loire.
Il se contente de les affaiblir, de les démoraliser
en les harcelant et en les pillant. Cette tactique durera
une dizaine d' années. |
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Cette
citée est, au sein de la Belgique seconde, parée
d'un passé prestigieux. Au temps de la gloire de
l'Empire, les romains y ont installés des ateliers
militaires ou étaient fabriquées de nombreuses
armes offensives et défensives, tels des boucliers,
des cuirasses et aussi des balistes ( projectiles utilisés
lors des sièges des villes ) Forte de son commerce
et riche de ses activités militaro-industrielles,
Soissons, au IV éme siècle sous la poussée
d' un évergétisme rare à cette époque,
a construit de nombreux monuments d' inspiration chrétienne
et notamment une église en l' honneur des cordonniers
martyrs Crépin et Crépignien. Un temple consacré jadis à la
déesse Isis a été transformé pour
le culte chrétien en l'honneur de saint Gervais et
de saint Protais. Aujourd'hui la cathédrale Gothique
porte le nom de ces 2 élus. Soissons n'a pas souffert
des 2 plus redoutables invasions du siècle, celles
de 406 et 451conduites par Attila. Elle a donc échappé au
pillage et sa richesse en fait la cité privilégiée
de Syagrius le romain, comme elle attire nécessairement
la convoitise de Clovis. |
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Le
Vase de SOISSONS :
Au
lendemain de la bataille qui a vu la défaite
de Syagrius, les Francs, païens, pillent le
diocèse de Reims et s'emparent entre autre
d'un vase d' une beauté merveilleuse. L'évêque
de Reims, saint Remi, envoya un messager à Clovis
pour que le vase lui soit restitué. Le partage
du butin se fit à Soissons suivant les règles, à savoir
que chaque part était tiré au sort,
même celle du roi. Clovis demanda à ces
guerriers de lui restituer en plus ce vase, la plupart étaient
d'accord, sauf un franc qui, frappant le vase de
sa francisque, s'écria que le roi n'emporterait
que ce qu'il avait droit par le tirage au sort,
jetant dans la stupeur de tous les guerriers présents.
Le roi supportant pour le moment cette injure avec
patience, réussit à échanger
le vase, contre d'autres objets, et le remis à l'envoyé de
l'église qui venait le chercher.
Un an après,
lors d'une revue militaire, et suivant l'usage,
il rassembla ses hommes afin de s'assurer du bon état
de leurs armes. Il se retrouva devant le soldat qui
lui avait tenu tête un an auparavant à Soissons
et lui faisant des reproches sur ces armes lui jette
sa francisque à terre. Tandis qu'il se baissait
pour la ramasser, Clovis lui décoche sur la
tête un coup de sa hache en lui disant " ainsi
tu as fait à Soissons avec le vase " Par
cette mort, la vengeance du roi inspira la terreur
et le respect à tous les francs. |
le
butin et les envoyés de St Remi |
" ainsi
tu as fait à Soissons avec le vase ..." |
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